Madame la Présidente, Cher-e-s collègues,
Il n’y a pas de mots assez précis pour décrire l’émotion qui une fois encore nous transperce tragiquement depuis vendredi dernier. Nous adressons nos plus chaleureuses pensées à tous ceux qui, dans la région d’Arras, sont touchés par ces actes barbares. Comme toujours, les fanatismes frappent d’abord ceux qui sont désarmés. Ils s’attaquent ici à l’école, c’est-à-dire aux savoirs. Dans cette période où les radicalités refont surface, il est utile de rappeler que la raison, le respect, la tolérance et l’aptitude au compromis sont les outils les plus solides de nos démocraties. Ils sont indispensables pour construire le vivre ensemble, c’est-à-dire la sécurité durable et la paix. Ce message est aussi celui que nous adressons aux populations israéliennes victimes du terrorisme du Hamas. C’est le message que nous adressons aussi aux populations civiles innocentes dans la bande de Gaza, victimes des bombardements.
Le lieu n’est pas ici à un débat de politique étrangère, mais à l’expression de notre compassion, de notre solidarité, et également de notre clairvoyance face à ces enjeux qui nous concernent tous.
Ce mois d’octobre est inédit au regard des évènements que je viens de citer, il l’est aussi au regard de la température… c’est le mois d’octobre plus chaud que nous ayons connu. Le dérèglement climatique comme la perte de biodiversité se font sentir chaque jour davantage. Permettez-moi de saluer le vent de fraîcheur et de renouvellement qui souffle sur notre assemblée avec l’arrivée d’Elodie JEANNETEAU. Son expertise des questions écologiques, au-delà du rajeunissement qu’elle amène ici, sera indéniablement un atout pour améliorer nos politiques publiques. C’est aussi pour moi une nouvelle collègue, binôme sur le canton Angers 7, qui va intervenir sur un territoire aval de la vallée de l’Authion où les sujets liés à l’implantation des maraîchers nantais et les enjeux liés à l’eau sont si prégnants.
J’ai bon espoir qu’Elodie nous aide collectivement à améliorer nos politiques en matière de transition écologique. Comme l’a récemment souligné l’Association des Maires de France, le « mur d’investissement » est face à nous. Le rapport Pisani-Ferry chiffre l’effort supplémentaire à 34 Md€ par an d’ici à 2030. Le FMI, dans une récente étude, chiffrait de 10 à 15 points de PIB le volume d’ici 2040 pour les pays occidentaux tels que le nôtre, c’est-à-dire grosso modo le même ordre de grandeur que le rapport Pisani. Nous savons donc : l’effort à fournir est considérable, et tout retard nous coûtera plus cher. Tout report de l’action est une dette vis-à-vis des générations qui arrivent !
Vendredi 6 octobre dernier se tenait conjointement l’AG de l’AMF49 et du Forum des Territoires, c‘était une première sous cette forme ! Manifestement cette organisation devra être repensée pour être un vrai temps d’échanges et de travail entre maires et élus départementaux. Dans les faits, cette journée a surtout permis au Ministre de la Transition écologique de venir à nos frais faire la promotion des axes gouvernementaux de la transition écologique. Au regard de certains retours, c’était manifestement indispensable pour éveiller certaines consciences.
Néanmoins, au-delà des débats sur le niveau du curseur dans telle ou telle politique publique, le Ministre, ici comme ailleurs, n’a pas répondu aux questions quant aux financements par les collectivités. Or, pour agir, il ne faut pas seulement des idées et des intentions, il faut aussi de l’argent.
Dans ce qui est annoncé : la planification écologique décidée par le Gouvernement, c’est 1/3 de l’effort pour l’Etat, 2/3 pour les collectivités. Soit ! Mais comment les collectivités vont-elles financer ces 2/3 des 34 Md€ par an ?
Il va donc nous falloir agir et ce dans une période d’inflation qui repart, de hausse des taux d’intérêt, de hausse des allocations sociales et parallèlement de baisse des DMTO. Le challenge est donc de haut niveau. Cela interroge évidemment notre Département : quelle est et quelle doit être sa place demain face aux enjeux pour le Maine-et-Loire et ses habitants ? La transition écologique est un impératif, elle nous impose de repenser notre architecture budgétaire.
Cela fait plusieurs années que nous demandons non pas un changement de braquet, mais un changement de logiciel. Repenser la gestion de la dette pour accélérer l’investissement, en dissociant clairement ce qui relève de l’investissement « classique » de celui pour la transition.
Nous saluons le recrutement d’un cadre pour verdir la construction technique du budget. Avoir un processus budgétaire vert était une de nos propositions, et nous sommes satisfaits de voir cette avancée. Mais nous restons encore loin d’une vision d’ensemble et d’une clarification du positionnement stratégique du Département. Notre rôle de minorité est aussi de le souligner.
Cette décision modificative ne corrige pas les choix arrêtés lors du Budget Primitif, au contraire, à cette DM les crédits pour la transition baissent faute de réalisations ou de retards dans l’exécution. Pourtant, le Budget Supplémentaire a démontré que 2023 restera un très bel exercice comptable. Il y a donc aujourd’hui des moyens d’agir que nous ne connaîtrons plus demain. La fenêtre de tir, ouverte depuis 5 ans, se referme. Elle était historique.
Nous réitérons notre demande, comme depuis 5 ans, d’un travail prospectif, conjointement avec l’Etat, pour chiffrer en Anjou les impacts de la planification écologique, et ses enjeux en matière d’accompagnement social.
Il faut qu’on y voie clair pour agir avec précision. Qu’on l’appelle « Conférence Verte » ou autrement, on voit bien que les propos du Ministre de la Transition écologique, tenus lors de notre forum des territoires, peuvent rester sans suites. Il attend des Collectivités locales 2/3 de l’action publique. Nous avons besoin d’être outillés pour en retour faire remonter auprès de l’Etat les besoins pour le Département comme pour les intercommunalités et communes.
Madame la Présidente, mes collègues et moi voulons être dans l’action. Concrètement, la replantation de haies et le changement d’essence, la lutte contre les inondations, la conservation des eaux de la saison humide pour faire face aux sécheresses de l’été ou encore le développement des réseaux de chaleur, l’adaptation de nos bâtiments aux mouvements des sols, etc etc… Sur tous ces sujets, pour que ça passe, il faudra que les initiatives privées soient accompagnées par les pouvoirs publics.
Or aujourd’hui, nous restons collectivement sans capacité à dessiner un horizon à la hauteur des enjeux. C’est source d’angoisse, cela accentue les tensions, les peurs. Notre responsabilité politique aux uns comme aux autres est d’y remédier.
Je vous remercie.