Interventions croisées de Florence Lucas et Bruno Cheptou sur l’aide à domicile
Madame la Présidente, Cher-e-s Collègues,
Il est toujours intéressant de partir d’un exemple du terrain et je vous propose d’évoquer ce sujet.
Le 30 septembre dernier, je me suis rendue à l’AG de l’ADMR de Feneu. Diverses thématiques ont été abordées, mais il y en a eu une qui a surtout retenu mon attention. C’est le nombre d’heures d’intervention, en baisse de 9,68% en 2024 par rapport à 2023, ainsi que la baisse du nombre de bénéficiaires de 3,53%, sur cette même période 2024.
Cette baisse de bénéficiaires n’est pas due à une baisse de personnes qui n’ont plus besoin de service d’aide à domicile … non… cette baisse de bénéficiaires est due au manque de personnel de la structure. Aujourd’hui, cette structure d’aide à domicile n’arrive plus à trouver autant de personnel que nécessaire. Sur Feneu, il n’y a même plus de temps plein… et pourtant 25 bénéficiaires de ce secteur attendent une prise en charge…
En effet, il devient difficile de recruter et de conserver ces intervenants, qui ne sont pas toujours « qualifiés ».
Une réforme est mise en place regroupant un SSIAD (Service de Soins Infirmiers à Domicile) et un SAAD (Service d’Aide et d’Accompagnement à Domicile), afin d’améliorer l’organisation et le financement en espérant que cela pourra apporter une réponse coordonnée pour l’aide et les soins à domicile, et surtout, en espérant faire naître de nouvelles vocations liées à un travail qui enfin prendra du sens dans l’humain avec un salaire décent, un salaire qui permettra de vivre de son travail.
Pour ma part, j’y crois. Je veux y croire. Nous en avons besoin dans nos villes et nos communes.
Le recrutement de ce personnel va devenir un défi majeur dans le contexte de vieillissement de la population. Nous-mêmes, lorsque nous deviendrons des « seniors », nous souhaitons tous rester chez nous où dans des habitats partagés…
Il est donc urgent et essentiel de promouvoir l’image de ces métiers d’aide à domicile, d’améliorer les conditions de travail, de développer les formations et de valoriser les compétences et les qualités requises pour cette profession.
Je vous remercie.
Florence LUCAS – Conseillère Départementale – Canton Angers 4
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Madame la Présidente, Cher-e-s Collègues
Je crois que c’est important ce que vient de nous dire Florence parce qu’elle met en évidence un exemple très concret et si on faisait le tour des quarante-deux personnes que nous sommes autour de cette table je crois qu’on aurait autant d’exemples à citer et elle pointe dans son intervention un élément fondamental de la manière dont nous sommes capables, quand je dis-nous, j’associe bien sûr les structures auxquelles on a délégué cette mission d’accompagnement, de pouvoir répondre aux besoins des personnes.
Dans la délibération que nous allons voter dans trois minutes, effectivement il n’y a pas de grand bouleversement, à la fois on régule, à la fois on ajuste, sauf peut-être un aspect sur lequel je voudrais revenir, c’est justement sur la dotation mobilité. Je crois que ça présente un aspect très positif de pouvoir permettre d’améliorer, et ça rentre totalement dans ce que vient dire Florence sur l’attractivité des métiers, comment on peut aussi améliorer les conditions de travail au sens large du terme, pour que les personnes puissent assurer correctement leur mission.
Je pense qu’il faudra qu’on aille un peu plus loin, pas forcément dans les sommes, même si elles sont toujours intéressantes à prendre en compte, mais sur la répartition. On a eu une réflexion intéressante d’ailleurs lors de la dernière commission, juste pour information les 554000€ sont répartis à 90% en termes de nombre d’heures d’intervention, que ce soit pour l’APA ou le PCH. Que ce soit notre collègue Richard Yvon ou moi-même, on a pointé le fait qu’il faudrait peut-être apporter d’autres critères.
C’est-à-dire, comment on prend en compte les difficultés de la mobilité et non simplement qu’une répartition arithmétique. Même si ce n’est pas totalement que ça, je crois que ça le nécessite. Je crois que si l’année prochaine nous avons encore une dotation, il faudra qu’on s’y applique pour voir comment on intervient sur les points compliqués, et non pas sur une modalité que je dirai un peu uniforme sur l’ensemble du territoire. Premier point.
Deuxième point. Je crois qu’il est temps, mes chers collègues, de travailler encore plus les conditions et les organisations de travail à domicile. Nous sommes tous des acteurs de terrain. Nous sommes tous comme Florence. De temps en temps, dans des Assemblées générales, quelles que soient les structures, où nous constatons les faiblesses, les fragilités, et je m’arrête là dans les qualificatifs, dans les organisations de travail pour le domicile. Je n’accuse personne en faisant ça, mais il nous faut aujourd’hui mettre en œuvre une autre pratique. Parce que nous voyons bien que, des temps, pratiquement que des temps partiels, pour une grande part, des temps découpés sur la journée, etc., etc. Ce n’est pas un facteur d’attractivité mesdames et messieurs, on ne peut pas rester sur un schéma comme ça, et j’invite Jean François Raimbault et Marie-Pierre Martin à nous mettre sur notre travail pour 2026 comment pouvons-nous aider les SAAD, je dis bien aider, je sais que c’est de leur responsabilité, ils ont une certaine autorité. Mais enfin, on est chef de file de l’autonomie, donc il nous faut être sans doute être plus fort dans cette capacité de les aider à repenser leur organisation.
On ne peut pas aujourd’hui vouloir faire le pari du domicile, et Madame la Présidente, je sais que vous êtes sensible à ce point, si nous n’avons pas cette capacité que les organisations de terrain, se mettent dans une autre forme d’organisation, et je pense humaine, pour qu’effectivement à la fois nous soyons plus efficient, à la fois nous soyons plus attractifs pour les métiers et les personnes qui font ce travail difficile, reconnaissons-le, mais aussi pour donner du sens dans les 10 prochaines années.
Je le rappelle dernier point, le Maine et Loire à une particularité, nous avons plus de dépenses d’APA établissement que domicile, ce n’est pas le cas de tous les départements, c’est notre histoire, mais si nous voulons modifier cela, et je pense que nous sommes tous sensibles à ce point.
Alors, nous devons donc travailler précisément sur les organisations du travail, des structures, et moi je ne peux pas accepter d’aller tous les uns à un certain nombre d’AG, de structures, pour simplement pour écouter les lamentations — et je ne critique pas les bénévoles ou les salariés qui font le métier — mais il est de notre responsabilités de mettre ça sur le champ, sur un travail de fond, très précis, pour qu’effectivement demain matin ce métier-là soit organisé de façon efficace et surtout, je dirais important concernant l’accompagnement des personnes.
Merci.
Bruno Cheptou – Conseiller départemental – Canton Doué-en-Anjou