Stratégie mobilités : de beaux documents avec des points de vigilance !

Nous avons sous les yeux un beau document, complet, fruit d’un travail commencé il y a plus de 4 ans maintenant. Je le disais en introduction, le pari de l’intelligence collective et du travail ensemble, ça permet d’enrichir les politiques de cette collectivité. Nous en avons ici la démonstration.

Sur le schéma des mobilités, le Département se positionne comme un acteur stratégique, interlocuteur incontournable de la Région et des intercommunalités. Cela tranche, avec l’absence de vision qui ressortait de notre avis sur le SRADDET. Pour les routes, le covoiturage, comme pour les publics qui relèvent de la compétence départementale, avec ce document nous savons désormais ce que nous pensons et ce que nous proposons. Avec ce schéma, nous avons désormais une vision interconnectée, plus moderne. Je veux saluer, au-delà des élus, le travail des services.

Sur le fond, mes collègues et moi militons ici depuis des années pour penser la multiplicité des usages. Une route, c’est d’abord un chemin vers un objectif, pas uniquement un espace dédié à la voiture. Les mobilités, ce ne sont pas uniquement la route pour l’automobile.

Sur les publics fragiles, vous avez repris plusieurs de nos propositions, notamment lorsqu’il s’agit d’ouvrir la location avec option d’achat de véhicules d’occasion par les garages solidaires. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on doit être réduit au vélo ou à la mobylette. Au contraire, accéder à la voiture, c’est-à-dire pour beaucoup à l’autonomie, ça donne du sens au travail. Quand ça permet de mieux aller chercher les enfants, d’aller en w-e en famille, ou en vacances à la mer, c’est du progrès social.
Quand vous acceptez aussi notre proposition de financer les actions de vélo-école, pas seulement pour les collégiens, mais aussi pour ces habitants qui vivent dans des tours et n’ont jamais appris à faire du vélo, c’est du progrès social.

Sur les routes : Permettez-moi une satisfaction de mon collègue Grégory Blanc : cela fait plus de 10 ans qu’il se bat pour l’amélioration de la RD347 entre Angers et Beaufort, axe le plus saturé du Département. C’est désormais acté. Certes, ce travail sera impacté par l’arrivée ou non du centre pénitentiaire. Cela va donc encore demander un peu de temps, mais c’est inscrit.

Sur le Plan Vélo enfin, vous avez corrigé au fil de l’eau vos orientations initiales, avec désormais une cartographie hiérarchisée dégageant des axes d’intérêts départementaux. Ce n’est pas exactement ce que nous souhaitions, mais l’avancée est réelle. Surtout, après les avoir rejetés à plusieurs reprises, vous avez fini par entendre nos arguments sur les franchissements d’obstacles. Certes, cela ne concernera que les ponts de la Loire dans un premier temps. Mais si on veut penser vélo ou trottinettes et multimodalités, il faut permettre aux habitants du Sud Loire d’accéder en sécurité aux gares du Nord Loire, sur l’axe Tours-Nantes.

Au-delà de ces points positifs, permettez-moi de soulever trois fragilités :

1. L’absence de chiffrage par fiche-action. Nous entendons la nécessité de souplesse. Mais si on veut réellement évaluer ce que le Département fait ou pas, il faut que l’on puisse compter, préciser à l’avance les critères d’évaluation. Or, là, cela reste flou. C’est un enjeu de travail pour la Commission.

2. L’absence de vision des solidarités territoriales entre EPCI et à l’intérieur de ceux-ci. Je pense aux zones rurales isolées et aux quartiers prioritaires. De même, quelle(s) continuité(s) entre Beaufort et Angers, et plus précisément entre Mazé et Corné ou encore entre Brissac et les Ponts-de-Cé ? Mais aussi, comment se rendre de Brion aux permanences sociales de Seiches ? Et du coup, comme cela n’est pas pensé, le choix fait est de construire une politique de guichet via des appels à projet ou des subventions aux communes.

3. Dernier point de fragilité qui reste un autre point de désaccord entre nous : les pistes cyclables sur routes départementales doivent être aménagées sous maîtrise d’ouvrage de notre collectivité. Les routes départementales sont la propriété du Département. On ne peut pas demander aux communes de payer et conduire le travail sur nos propres axes. Cela nous parait incongru. Propriété départementale = compétence du Département. Au moment où les choses sont souvent complexes pour les élus municipaux, cela nous paraîtrait pourtant plus clair et plus simple de fonctionner en ce sens. C’est un point sincèrement sur lequel il faut évoluer, notamment si on veut une continuité –et donc la sécurité- des axes. Sur un axe départemental, on ne peut pas avoir des itinéraires qui changent au gré des frontières communales : un coup une bande de peinture, un coup un chemin, un coup une vraie piste.

Voilà Madame la Présidente, cher.e.s Collègues, quelques commentaires sur ce document important que nous voterons, je l’ai déjà dit, avec satisfaction.

Jocelyne MARTIN et Grégory BLANC

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