Un autre regard :

La méthanisation, un atout de la transition énergétique à encadrer

Elle est conseillère départementale de Maine-et-Loire. Il est conseiller régional des Pays-de-la-Loire. Brigitte Guglielmi et Jean-Louis Belliard se sont prêtés au jeu de l’interview croisée pour nous livrer leur vision de la méthanisation. Deux visions basées sur des expériences différentes à des échelons différents.

Anjou en Action : Pouvez-vous nous présenter la méthanisation en quelques mots ?

Jean-Louis Belliard : La méthanisation est un procédé qui permet de produire du biogaz issu de la fermentation des déchets, des effluents d’élevages et des cultures. Ce gaz est ensuite utilisé pour produire de la chaleur, de l’électricité et pour faire fonctionner des véhicules.

Brigitte Guglielmi : Elle représente aussi une véritable opportunité, en particulier pour les agriculteurs et les collectivités, en leur permettant de produire du gaz pour leur propre consommation ou pour le vendre, mais aussi de trouver une solution de traitement des déchets organiques qui sont transformés en engrais naturels.

AeA: Comment la collectivité dans laquelle vous êtes élus intervient-elle en faveur de la méthanisation ?

Jean-Louis Belliard : Dans le cadre du plan de relance gouvernemental, la Région des Pays-de-la-Loire a récemment lancé un appel à projets (« Unités de méthanisation en Pays-de-la-Loire ») pour accompagner le développement de la filière biogaz. Il doit permettre de sélectionner des projets de méthanisation qui sont les plus pertinents sur le plan environnemental, énergétique et sociétal. Les projets sélectionnés recevront ensuite une subvention de la Région pour faciliter leur mise en place.

Brigitte Guglielmi : Au niveau de la planification, le Département de Maine-et-Loire a réalisé un schéma départemental de développement de la méthanisation dont l’objectif est d’atteindre 49 unités agricoles d’ici à 2025. Au niveau opérationnel, le Département intervient à travers le capital d’Alter Energies qui ensuite soutient le développement des unités de méthanisation. Par rapport aux appels à projets, l’avantage de ce moyen d’intervention est de suivre sur le plus long terme la méthanisation à travers les réunions des assemblées générales d’Alter Energies.

AeA : Au regard des nombreux exemples de dérive observés dans des territoires proches, ou même à l’étranger, pensez-vous que la méthanisation soit une solution d’avenir ?

Jean-Louis Belliard : Il est indéniable que la méthanisation est un réel atout pour la transition énergétique. Cependant, elle est trop peu encadrée et peut rapidement devenir incontrôlable. C’est dans ces cas-là qu’elle devient un problème (« Deux-Sèvres. Fuite dans une unité de méthanisation à Combrand : syndicat et association s’inquiètent »). Nous proposons (NDLR : Jean-Louis Belliard et son groupe politique au sein du conseil régional) plusieurs garde-fous à mettre en place. Par exemple, pour contrer les problèmes liés aux fuites de digestat, nous proposons de systématiser la construction de bassins de rétention. Pour éviter que des parcelles agricoles soient cultivées intensivement pour alimenter les méthaniseurs (NDLR : la méthanisation nécessite des cultures pour fonctionner), nous proposons de refuser de subventionner les projets qui font appel à des cultures irriguées. C’est un contresens écologique !

Brigitte Guglielmi : Je suis d’accord avec Jean-Louis Belliard. Je tiens à compléter en rappelant que ni lui ni l’Anjou en Action ne sont contre le développement de la méthanisation. Les garde-fous qu’il propose doivent éviter les contresens écologiques et, plus largement, toute dérive de la méthanisation. Si elle est encadrée, cette technologie est un levier pour réduire la dépendance énergétique de la France et atteindre ses objectifs de développement des énergies renouvelables. La réglementation nationale doit donc se saisir de ces enjeux !

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