Avis DUP Centre pénitentiaire – Intervention de Grégory BLANC

On a, avec ce dossier, le projet d’aménagement du territoire le plus ambitieux que nous ayons connu depuis les débats sur l’implantation de l’IUT et l’Université d’Angers, l’accueil de Thomson et de Bull à Angers, ou Thales à Cholet. Avec la Prison, nous avons un investissement de 235M€ et, au-delà de l’investissement direct, il y a un enjeu d’intégration de l’équipement dans son bassin.

Au moment de voter cette délibération, je voudrais vous faire part du sentiment mêlé qui est le mien. D’abord, il y a une immense émotion. De tous les élus autour de cette table, je suis le seul à avoir pris part à cette réflexion, il y a 14 ans, d’abord avec le Maire de Trélazé et ses principaux adjoints, puis avec le Conseil municipal de l’époque, qui a voté en faveur du transfert de la Maison d’arrêt à l’unanimité. Pas une seule commune de l’agglomération n’avait réussi à candidater. Nous, nous l’avons fait à l’unanimité.

Il s’agissait à nos yeux à la fois de faire œuvre de dignité humaine et d’effacer les conditions honteuses de détention à la maison d’arrêt d’Angers.

Il s’agissait aussi pour nous d’effacer une image, et même une réalité, faisant de Trélazé la ville des difficultés sociales et de la fin des ardoisières.

Nous avions candidaté pour obtenir un rééquilibrage des territoires vers l’Est du département et accueillir des fonctions métropolitaines à l’Est du centre-ville d’Angers au moment où ces fonctions métropolitaines étaient soit dans le centre d’Angers, soit à l’Ouest du centre-ville.

Je veux souligner l’engagement de Marc Goua. Sans lui, la prison continuerait d’être une verrue d’indignité et nous ne discuterions même pas de ce dossier.

Je veux aussi souligner la pertinence de cette stratégie trélazéenne : accueillir une prison sur son territoire sans ternir son image n’avait de sens qu’en étant compensé par l’arrivée du village santé, l’ouverture d’une gare, et surtout de l’Arena Loire, financée, je le rappelle, quasiment par les seuls Trélazéens.

Dit clairement : si la Prison n’était pas compensée par l’Arena – qui n’a été quasiment que financée par l’argent des Trélazéens – nous n’aurions pas candidaté. C’est donc une somme déjà conséquente prise en charge par la seule commune dans une logique de compensation.

Or, à l’époque, qu’il s’agisse de l’agglomération ou de l’Etat, des engagements clairs ont été pris en matière de transports, de police, d’aménagement du territoire, notamment en assainissement… Et aujourd’hui, il y a du flou alors que le projet a changé d’échelle.

Il y a 2 ans, dans le dos des élus, Angers Loire Métropole a proposé une autre parcelle, adjacente, à l’Etat pour accueillir non plus une maison d’arrêt de 450 détenus, mais un centre pénitentiaire de 850 détenus, c’est-à-dire avec des prisonniers venant de Région parisienne, de Normandie, de Nouvelle Aquitaine, … et leurs familles.

Mécaniquement, cela change fondamentalement l’économie du projet. Parce que d’une fonction métropolitaine à la base, nous sommes passés à une échelle inter-régionale avec des impacts en termes de transports, logements, en matières sociales non seulement pour l’ensemble de l’agglomération d’Angers mais aussi jusqu’au Saumurois et au-delà. Cela implique forcément un recalibrage des engagements des uns et des autres. Aussi, qu’en est-il ?

  • D’abord de l’Etat : Aujourd’hui, ce n’est pas clair. Je veux souligner l’engagement du nouveau Préfet et du Secrétaire Général de la Préfecture pour leur mobilisation pour déverrouiller le dossier en lançant le projet avec l’ANCT. Mais dans les faits on n’a toujours pas de réponses claires sur la gendarmerie, le ferroviaire, l’habitat, en termes d’aides à la pierre pour les logements sociaux. Mais aussi : doit-on élargir le zonage B1 au-delà de la seule Angers intramuros pour favoriser les constructions sur les communes concernées ? Nous battons-nous pour obtenir cet élargissement ?
  • Ensuite, la Région : les engagements sont peu clairs voire inexistants. Nous avons une prison inter-régionale… nous l’avons vu sur l’avenant au CPER : rien n’est pris en compte.
  • Au niveau d’Angers Loire Métropole : Il reste des questionnements lourds, pas d’engagements clairs à ce stade… mais nous sommes ici au Conseil départemental… et le débat doit avoir lieu au sein de son instance, pas ici.
  • Enfin, au niveau du Département : aujourd’hui, le Conseil départemental est la seule collectivité, la seule, à prendre des engagements clairs. Je l’ai dit en privé, en public, et je le redis ici : l’implication de Gilles Piton, Vice-président, sous votre délégation Madame la Présidente, et celle de votre Cabinet, honore notre collectivité, alors même que l’aménagement du territoire n’est pas une compétence première du Département. Aujourd’hui, notre collectivité s’engage sur la RD347, sur la RD4 et prend l’engagement d’accompagner les travaux sous la houlette de l’ANCT.

Et surtout, par cette délibération, le Département attire l’attention de l’ensemble des Autorités Organisatrices des Mobilités du territoire et responsables de l’aménagement du territoire : il faut nous battre. Lorsque les crédits vont sur le littoral, c’est que les Vendéens et les Nantais savent se faire entendre. Si on veut conserver une qualité de vie et assurer notre développement, il faut une ambition d’aménagement à la hauteur de l’enjeu. On ne peut pas jouer petit, conservateur, bref avec notre caractère un peu trop Angevin sur cette question.

Pour le dire d’une formule, ce débat de prison inter-régionale n’est pas un débat d’Angevins mais un débat de Ligériens. On attend donc un soutien et une prise de conscience de l’ensemble des Ligériens.

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