Compte administratif 2024 : nous devons nous interroger sur le temps long

Budget supplémentaire 2025 – Intervention de Jean Luc Rotureau

Seul le prononcé fait foi

Madame la Présidente, Chers Collègues,

Le compte administratif est, dans les collectivités, notre compte de résultats. Ce compte administratif doit être un outil d’analyse pour préparer l’avenir.

Ce compte administratif déroule le film de l’année, ce qui s’est réellement déroulé. En ces temps compliqués pour les finances publiques, nous devons être capables d’analyser ce compte, à la fois dans le temps court car il ne s’agit que d’un constat sur une année, mais aussi sur un temps long, pour mieux mesurer ce qui a bougé, et ce que nous devons ajuster dans nos décisions publiques pour aujourd’hui et pour demain.

C’est important de resituer cela en effet ; je relisais mes propos sur le compte administratif 2022 où en introduction je disais : « nous ouvrons la session avec de fortes marges de manœuvre. Chers Collègues, y-a-t-il eu une année où nous étions, avant le budget supplémentaire dans des conditions plus favorables que celles d’aujourd’hui ? Je ne crois pas. Cela doit nous permettre de faire des choix marqués et forts. »

Et bien, nous le savons, aujourd’hui, deux ans après, c’est tout l’inverse, nous n’avons plus aucune marge de manoeuvre !

C’est aussi pour cela que nous regrettions il y a deux ans que notre Assemblée ne fasse pas des choix plus marqués, avec ses 68M€ d’excédent de l’époque, alors que les investissements de l’année n’étaient réalisés qu’à hauteur de 68%, c’est bien sur les investissements que l’on souhaitait faire porter plus d’efforts…

Aujourd’hui nous n’avons plus les moyens de faire beaucoup de choix…

Sur le temps court, le plus inquiétant évidemment à l’issue de l’année 2024 est la chute de l’épargne. L’épargne brute, hors réserve DMTO, ne permettrait pas de rembourser l’annuité de la dette en capital.

Même si on peut se réjouir que le taux d’exécution des investissements soit à hauteur de plus de 84%, il demeure toujours des marges de progrès dans ce taux de réalisation.

Notons que nous devons rester vigilants sur l’investissement dans les collèges. En 2023, les dépenses d’investissement dans les collèges étaient de 23,22M€ pour des recettes de 3,11M€, soit un coût net d’investissements collèges de 20,11M€. En 2024, les dépenses ont été de 16,12M€ pour une recette de 9,76M€, soit un coût net d’investissement de 6,36M€, ce qui est particulièrement faible et trois fois inférieur à l’année précédente, pourtant uniquement dans la moyenne.

Il y a là un axe de questionnement, principalement comme nous l’avons déjà dit pour tout ce qui relève de l’amélioration de nos bâtiments pour la transition écologique…

Les compléments d’information que nous avons sur le budget vert sont intéressants même si nous l’avons tous dit, il nous reste à parfaire encore l’approche de ce budget vert.

A l’issue de ce compte administratif, nous disons aussi qu’il est nécessaire que nous nous interrogions sur le temps long. Nous avons des tableaux intéressants concernant les taux de couverture des allocations par l’ETAT. Il est sans doute surprenant de voir que :

– Le taux de couverture Autonomie (APA et PCH) en 2024 est de 48,31%. Il est supérieur de près de 4 points à celui de 2020 (44,41%) ! En charge nette, celle-ci a augmenté pour le département de + 7,5M€ sur ces quatre ans

– Le taux de couverture du RSA est de 56,42% en 2024 contre 50,60% en 2020, soit +5,82 points. En charge nette, cela représente 40,15M€ en 2024 contre 50,60M€ en 2020, soit une baisse de la charge RSA pour notre département de 10,5M€ en quatre ans ! Cela mérite d’être souligné. Nous voudrions insister sur ce point car une partie du débat politique national faisait encore récemment porter les difficultés financières sur les allocataires RSA. Que ce soit un positionnement idéologique peut s’entendre même si nous sommes en désaccord avec ce discours. En tout cas, ce discours ne tient pas la route au regard des chiffres, c’est un non-sens financier. Aujourd’hui, la collectivité dépense 10M€ de moins qu’il y a 4 ans pour le RSA…

En cumulant les trois allocations (APA-PCH-RSA), le département dépense au total 3M€ de moins qu’il y a 4 ans.

Par contre, la ligne protection de l’enfance a progressé de + 16,67M€ en une seule année, de 2023 à 2024. Du seul point de vue financier, c’est bien cette ligne la plus problématique…

 

Le budget enfance-famille est bien celui qui doit le plus nous préoccuper, non seulement dans ces chiffres impressionnants, mais d’abord et avant tout car c’est sans doute bien là qu’il y a aujourd’hui malheureusement le plus de besoins, à savoir dans la protection de l’enfance !

Nous n’avions pas voté le BP 2024, aujourd’hui nous nous abstiendrons sur le compte administratif.

Madame la Présidente, Chers Collègues,

 

Le compte administratif est, dans les collectivités, notre compte de résultats. Ce compte administratif doit être un outil d’analyse pour préparer l’avenir.

Ce compte administratif déroule le film de l’année, ce qui s’est réellement déroulé. En ces temps compliqués pour les finances publiques, nous devons être capables d’analyser ce compte, à la fois dans le temps court car il ne s’agit que d’un constat sur une année, mais aussi sur un temps long, pour mieux mesurer ce qui a bougé, et ce que nous devons ajuster dans nos décisions publiques pour aujourd’hui et pour demain.

C’est important de resituer cela en effet ; je relisais mes propos sur le compte administratif 2022 où en introduction je disais : « nous ouvrons la session avec de fortes marges de manœuvre. Chers Collègues, y-a-t-il eu une année où nous étions, avant le budget supplémentaire dans des conditions plus favorables que celles d’aujourd’hui ? Je ne crois pas. Cela doit nous permettre de faire des choix marqués et forts. »

Et bien, nous le savons, aujourd’hui, deux ans après, c’est tout l’inverse, nous n’avons plus aucune marge de manoeuvre !

C’est aussi pour cela que nous regrettions il y a deux ans que notre Assemblée ne fasse pas des choix plus marqués, avec ses 68M€ d’excédent de l’époque, alors que les investissements de l’année n’étaient réalisés qu’à hauteur de 68%, c’est bien sur les investissements que l’on souhaitait faire porter plus d’efforts…

Aujourd’hui nous n’avons plus les moyens de faire beaucoup de choix…

Sur le temps court, le plus inquiétant évidemment à l’issue de l’année 2024 est la chute de l’épargne. L’épargne brute, hors réserve DMTO, ne permettrait pas de rembourser l’annuité de la dette en capital.

Même si on peut se réjouir que le taux d’exécution des investissements soit à hauteur de plus de 84%, il demeure toujours des marges de progrès dans ce taux de réalisation.

Notons que nous devons rester vigilants sur l’investissement dans les collèges. En 2023, les dépenses d’investissement dans les collèges étaient de 23,22M€ pour des recettes de 3,11M€, soit un coût net d’investissements collèges de 20,11M€. En 2024, les dépenses ont été de 16,12M€ pour une recette de 9,76M€, soit un coût net d’investissement de 6,36M€, ce qui est particulièrement faible et trois fois inférieur à l’année précédente, pourtant uniquement dans la moyenne.

Il y a là un axe de questionnement, principalement comme nous l’avons déjà dit pour tout ce qui relève de l’amélioration de nos bâtiments pour la transition écologique…

Les compléments d’information que nous avons sur le budget vert sont intéressants même si nous l’avons tous dit, il nous reste à parfaire encore l’approche de ce budget vert.

A l’issue de ce compte administratif, nous disons aussi qu’il est nécessaire que nous nous interrogions sur le temps long. Nous avons des tableaux intéressants concernant les taux de couverture des allocations par l’ETAT. Il est sans doute surprenant de voir que :

– Le taux de couverture Autonomie (APA et PCH) en 2024 est de 48,31%. Il est supérieur de près de 4 points à celui de 2020 (44,41%) ! En charge nette, celle-ci a augmenté pour le département de + 7,5M€ sur ces quatre ans

– Le taux de couverture du RSA est de 56,42% en 2024 contre 50,60% en 2020, soit +5,82 points. En charge nette, cela représente 40,15M€ en 2024 contre 50,60M€ en 2020, soit une baisse de la charge RSA pour notre département de 10,5M€ en quatre ans ! Cela mérite d’être souligné. Nous voudrions insister sur ce point car une partie du débat politique national faisait encore récemment porter les difficultés financières sur les allocataires RSA. Que ce soit un positionnement idéologique peut s’entendre même si nous sommes en désaccord avec ce discours. En tout cas, ce discours ne tient pas la route au regard des chiffres, c’est un non-sens financier. Aujourd’hui, la collectivité dépense 10M€ de moins qu’il y a 4 ans pour le RSA…

En cumulant les trois allocations (APA-PCH-RSA), le département dépense au total 3M€ de moins qu’il y a 4 ans.

Par contre, la ligne protection de l’enfance a progressé de + 16,67M€ en une seule année, de 2023 à 2024. Du seul point de vue financier, c’est bien cette ligne la plus problématique…

 

Le budget enfance-famille est bien celui qui doit le plus nous préoccuper, non seulement dans ces chiffres impressionnants, mais d’abord et avant tout car c’est sans doute bien là qu’il y a aujourd’hui malheureusement le plus de besoins, à savoir dans la protection de l’enfance !

Nous n’avions pas voté le BP 2024, aujourd’hui nous nous abstiendrons sur le compte administratif.

Madame la Présidente, Chers Collègues,

Le compte administratif est, dans les collectivités, notre compte de résultats. Ce compte administratif doit être un outil d’analyse pour préparer l’avenir.

Ce compte administratif déroule le film de l’année, ce qui s’est réellement déroulé. En ces temps compliqués pour les finances publiques, nous devons être capables d’analyser ce compte, à la fois dans le temps court car il ne s’agit que d’un constat sur une année, mais aussi sur un temps long, pour mieux mesurer ce qui a bougé, et ce que nous devons ajuster dans nos décisions publiques pour aujourd’hui et pour demain.

C’est important de resituer cela en effet ; je relisais mes propos sur le compte administratif 2022 où en introduction je disais : « nous ouvrons la session avec de fortes marges de manœuvre. Chers Collègues, y-a-t-il eu une année où nous étions, avant le budget supplémentaire dans des conditions plus favorables que celles d’aujourd’hui ? Je ne crois pas. Cela doit nous permettre de faire des choix marqués et forts. »

Et bien, nous le savons, aujourd’hui, deux ans après, c’est tout l’inverse, nous n’avons plus aucune marge de manoeuvre !

C’est aussi pour cela que nous regrettions il y a deux ans que notre Assemblée ne fasse pas des choix plus marqués, avec ses 68M€ d’excédent de l’époque, alors que les investissements de l’année n’étaient réalisés qu’à hauteur de 68%, c’est bien sur les investissements que l’on souhaitait faire porter plus d’efforts…

Aujourd’hui nous n’avons plus les moyens de faire beaucoup de choix…

Sur le temps court, le plus inquiétant évidemment à l’issue de l’année 2024 est la chute de l’épargne. L’épargne brute, hors réserve DMTO, ne permettrait pas de rembourser l’annuité de la dette en capital.

Même si on peut se réjouir que le taux d’exécution des investissements soit à hauteur de plus de 84%, il demeure toujours des marges de progrès dans ce taux de réalisation.

Notons que nous devons rester vigilants sur l’investissement dans les collèges. En 2023, les dépenses d’investissement dans les collèges étaient de 23,22M€ pour des recettes de 3,11M€, soit un coût net d’investissements collèges de 20,11M€. En 2024, les dépenses ont été de 16,12M€ pour une recette de 9,76M€, soit un coût net d’investissement de 6,36M€, ce qui est particulièrement faible et trois fois inférieur à l’année précédente, pourtant uniquement dans la moyenne.

Il y a là un axe de questionnement, principalement comme nous l’avons déjà dit pour tout ce qui relève de l’amélioration de nos bâtiments pour la transition écologique…

Les compléments d’information que nous avons sur le budget vert sont intéressants même si nous l’avons tous dit, il nous reste à parfaire encore l’approche de ce budget vert.

A l’issue de ce compte administratif, nous disons aussi qu’il est nécessaire que nous nous interrogions sur le temps long. Nous avons des tableaux intéressants concernant les taux de couverture des allocations par l’ETAT. Il est sans doute surprenant de voir que :

– Le taux de couverture Autonomie (APA et PCH) en 2024 est de 48,31%. Il est supérieur de près de 4 points à celui de 2020 (44,41%) ! En charge nette, celle-ci a augmenté pour le département de + 7,5M€ sur ces quatre ans

– Le taux de couverture du RSA est de 56,42% en 2024 contre 50,60% en 2020, soit +5,82 points. En charge nette, cela représente 40,15M€ en 2024 contre 50,60M€ en 2020, soit une baisse de la charge RSA pour notre département de 10,5M€ en quatre ans ! Cela mérite d’être souligné. Nous voudrions insister sur ce point car une partie du débat politique national faisait encore récemment porter les difficultés financières sur les allocataires RSA. Que ce soit un positionnement idéologique peut s’entendre même si nous sommes en désaccord avec ce discours. En tout cas, ce discours ne tient pas la route au regard des chiffres, c’est un non-sens financier. Aujourd’hui, la collectivité dépense 10M€ de moins qu’il y a 4 ans pour le RSA…

En cumulant les trois allocations (APA-PCH-RSA), le département dépense au total 3M€ de moins qu’il y a 4 ans.

Par contre, la ligne protection de l’enfance a progressé de + 16,67M€ en une seule année, de 2023 à 2024. Du seul point de vue financier, c’est bien cette ligne la plus problématique…

 

Le budget enfance-famille est bien celui qui doit le plus nous préoccuper, non seulement dans ces chiffres impressionnants, mais d’abord et avant tout car c’est sans doute bien là qu’il y a aujourd’hui malheureusement le plus de besoins, à savoir dans la protection de l’enfance !

Nous n’avions pas voté le BP 2024, aujourd’hui nous nous abstiendrons sur le compte administratif.

Un pilier de la gauche se retire de la vie publique

Un pilier de la gauche se retire de la vie publique

30 ans de vie publique et une figure incontournable de la gauche locale. Retrouvez ci-dessous le dernier discours de Jean-Luc Rotureau, conseiller départemental du canton Angers 4 :

Madame la Présidente, Chers Collègues,

Merci de vos propos introductifs tout à l’heure Madame la Présidente, ils me touchent.

C’est compliqué un départ, on voudrait dire tant de choses…réussir à dire et partager avec vous tous : « c’est quoi le sens de tout ça ?, qu’est-ce qui a été le moteur de mes engagements, de nos engagements ?»

C’est terrible les départs, on ne mesure pas toujours les conséquences…Il suffisait que je parte du canton et qu’il l’apprenne pour que votre Directeur de Cabinet, qui habite dans notre canton, demande sa mutation et que le Directeur des Services change, quel bazar…

Pour mon dernier discours ici, mis à part ceux liés à cette session, j’espère que certains ne vont pas me dire que je suis trop long ! Sinon autant qu’ils sortent dès maintenant car assurément je serai long ! C’est normal, c’est proportionnel à l’ancienneté, une minute par année d’ancienneté donc…

Et oui, voilà le dernier round officiel dans cette magnifique salle des délibérations que j’ai apprivoisée, où j’aime tant me retrouver avec vous toutes et tous. J’ai souvent vécu ces moments ici comme dans une enceinte sportive, avec passion, émotion, des poussées d’adrénaline qui ne s’expliquent que par l’intérêt et la conviction que l’on donne à nos engagements, j’y reviendrai.

J’ai toujours dit que, nous les élus, nous sommes en CDD, en contrat à durée déterminée. Cela peut être plus ou moins long… Rien n’est permanent dans ce monde, seul le changement est éternel… J’ai donc décidé d’arrêter mes responsabilités publiques : 30 ans comme élu local dont 24 ans ici au département. Il m’a semblé depuis bien longtemps déjà que c’était suffisant. Il y a plein de raisons qui ont motivé mon choix, le fait qu’il faille des idées neuves et aussi des raisons d’ordre personnel dont je n’ai pas envie de parler. Merci de respecter cela. Maintenant, j’essaierai d’être utile différemment.

J’ai toujours pensé qu’il fallait partir lorsque l’on aime. C’est le cas, j’aime être ici avec vous comme j’aime profondément le canton dans lequel nous sommes élus avec Florence ma collègue ; j’aime les communes qui composent ce canton, et en premier lieu j’aime les concitoyens de ces territoires, du canton et du département ! Je pars (fin septembre) sans regret ni remords, avec le sentiment qu’on a fait un bout de chemin tous ensemble. Même si j’aurais apprécié réussir à faire passer plus d’idées qui me tiennent à cœur ou à celui du groupe,  j’ai le sentiment que c’est le bon moment. Et puis, je dois vous avouer que depuis le début de ce mandat en 2021, le fait que je sois l’élu qui a le plus d’ancienneté dans l’assemblée ne me convient pas trop, à dire vrai je ne m’y suis jamais fait ! Je laisserais désormais cet honneur à Marie-Pierre Martin.

Vous le savez, comme d’autres ici ou avant nous, j’aime bien me référer à quelques citations. Je voudrais tout d’abord vous livrer celle-ci de Pierre Mendès-France, qui, au-delà du temps, reste une conscience politique. Je l’ai gardé griffonné sur un bout de papier, posé sur mon bureau quasiment depuis le début de mes engagements, elle ne m’a jamais quitté, un peu comme un cap permanent à suivre : «  la démocratie, c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité : c’est un type de mœurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral ». Je me suis toujours retrouvé dans cette citation et j’ai essayé modestement de vivre avec ces principes pendant 30 ans .

Au sein de notre collectivité, lors de tout ce temps, j’espère que nous avons progressé ensemble : progressé d’abord pour rendre de meilleures réponses aux besoins sociaux et à la population au sens large. Progressé pour que l’action publique locale soit plus juste, plus efficace, mieux connue et reconnue. Progressé dans l’écoute réciproque. Progressé pour que ce modèle des collectivités territoriales qui mélange des acteurs bien différents, des élus-des agents-des habitants-usagers, soit une garantie pour mieux répondre aux besoins grâce à un équilibre des savoirs, des expertises et du vécu de terrain.

Pour essayer de réussir nos mandats, il n’y a que la présence et le travail. La présence sur le  terrain d’une part car il faut voir, écouter, ouvrir grand ses oreilles pour comprendre les situations, et le travail d’autre part car il faut se documenter, s’informer, lire les dossiers, les éplucher, les analyser, écrire, bref s’approprier à fond ses fonctions….

En partant, je vous l’avoue, j’ai deux impressions contradictoires : celle d’avoir appris chaque jour un peu plus et celle de ne rien savoir en fait! J’espère bien continuer à apprendre à l’extérieur de la collectivité.

Vous le savez, ici, deux passions (entre autres) m’ont animé, les politiques sportives et aussi les finances.

Si la compétence sportive est facultative et beaucoup plus limitée que d’autres dans une collectivité départementale, il s’agit pourtant de bien prendre conscience du formidable impact du sport sur la jeunesse et la population en général. Le sport est une école permanente de vie et de citoyenneté ! Le meilleur outil d’émancipation, d’inclusion et d’éducation dans notre société. Un des meilleurs vecteurs de lien social intergénérationnel. Je voudrais tellement qu’on puisse lui donner encore plus de présence et de puissance…

Les Finances, on en fait une affaire de spécialistes, cela ne devrait pas être ainsi. La gestion est indispensable, elle conditionne et permet de choisir, de mener l’action sereinement. L’apprentissage et la maîtrise des chiffres devraient revenir en force partout, à l’école et dans la formation permanente et continue, y compris dans la formation des élus. On devrait passer plus de temps sur les chiffres.

De tempérament optimiste, j’aimerais que nos administrés voient plus souvent ce qui avance, toutes les choses concrètes de l’action publique, par exemple les aménagements dans un collège , un enfant de l’ASE qui prend sa place d’adulte plus tard, une personne âgée ou en situation de handicap qui vit mieux grâce à notre soutien, un jeune qui s’épanouit grâce aux itinéraires éducatifs que l’on propose dans les collèges, une moindre dépense énergétique sur un bâtiment que l’on a aménagé, etc etc, bref les choses de la vie qu’agents et élus de la collectivité prennent en charge chaque jour pour une meilleure réponse aux besoins des usagers. Les grands projets sont nécessaires, néanmoins il n’y a pas qu’eux qui aident à transformer la vie. Pourtant dans ce monde si bouleversé , si violent en ces moments que l’on connait, on se sent en tant qu’élus locaux parfois si petits, si impuissants, ce qui ne veut pas dire que ce qui est fait localement est inutile…même s’il faut rester modestes au regard des grands défis de la société, et j’inclus bien entendu dans ces grands défis celui de l’écologie.

En tant que responsables élus, nous avons tous un pouvoir là où nous sommes,  quelle que soit notre place. Il faut s’en servir utilement, pour la bonne cause. La question du pouvoir est centrale en politique, j’ai souvent été amené à m’interroger sur le sens du pouvoir, et notamment comment le pouvoir devait s’articuler autour de valeurs fortes. Ces valeurs sont importantes, fondamentales même, mais que sont-elles ou seraient-elles sans une pratique exemplaire du pouvoir ? Cette pratique, ces pratiques du pouvoir, nous devons y être attentifs car sinon elles font dériver des valeurs que l’on dit parfois porter….J’ai aussi pu vérifier cela dans ma vie d’élu, les intérêts du court terme prévalant parfois sur les convictions de fond.

Nous sommes tous élus majoritairement sur nos cantons, ce qui nous donne tous la même légitimité. Evidemment, en choisissant d’être dans un groupe minoritaire, mon influence a souvent été modeste au département et j’en suis conscient. Pour autant, je crois en la force, de la douceur bien sûr, mais aussi celle des échanges respectueux que nous avons eus. Parfois il y a de la polémique, n’en ayons pas peur. Elle peut être nécessaire, voire indispensable quand des points de vue sont opposés et qu’il y a nécessité de clarifier. Néanmoins, la polémique pour la polémique ou pour des affaires de posture n’a aucun sens ! J’ai toujours cherché à éviter ces positionnements, fatigants pour tous et incompréhensible pour nos concitoyens, ce qui ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir conflit. Le conflit, pacifique j’entends, dans la clarté et le respect, peut aider à faire avancer les choses, à creuser et approfondir les arguments. L’intérêt de tout cela est de bien faire apparaître les enjeux afin de trancher et de chercher un compromis. J’ai essayé de mon côté de ne pas tomber dans la politique politicienne que nos concitoyens détestent et ils ont bien raison car elle fige des situations et empêche l’action. A notre niveau départemental, je pense que l’on essaie de tenir ce chemin et on y arrive assez bien grâce aux femmes et aux hommes qui sont ou qui ont été autour de la table (je salue mes anciens collègues invités et présents ici ce midi). C’est pour cet état d’esprit également que cette vie de conseiller départemental est plaisante.

30 ans de vie publique ont été pour moi une école de vie et une école de tolérance, une acceptation des diversités de points de vue et une acceptation des diversités tout court. L’élu local, quand il s’implique, voit la société, le monde, avec ses beautés et ses difficultés, sa richesse et ses pauvretés. Il voit d’abord des situations de vie, très multiples. J’ai vécu ces trente ans de vie publique, 24 au département, comme un parcours militant. J’aime bien ce mot ! Il remet les choses à leur place. Oui nous sommes des représentants du peuple, élus, rien que des élus qui doivent toujours partir du terrain. Pour cela, il est indispensable de se mettre en empathie avec nos concitoyens ; je qualifie ces attitudes de « militantes ». Et elles le sont aussi quand il faut travailler les dossiers chez soi, même le dimanche, ou se réunir souvent pour faire avancer les choses. Je n’ai pas compté le nombre de soirées et de dimanches passés à éplucher des dossiers ou les finances de la collectivité. De mon point de vue, ce n’est pas une option de travailler en permanence, c’est indispensable. L’élu doit exprimer une pensée, avoir une vision, c’est cela son rôle, au-delà du quotidien et pour avoir une vision, il faut comprendre, donc travailler, analyser et se projeter en permanence. Il faut être exigeant vis-à-vis de soi-même, ne pas tomber dans la paresse de gérer uniquement ce quotidien, il faut aller plus loin, toujours chercher le meilleur, faire mieux sans cesse, porter des ambitions….

Des principes ont guidé mon action d’élu, comme par exemple ne jamais accepter les inégalités, la pauvreté (matérielle, financière, intellectuelle, sociale) et toujours lutter pour la dignité humaine, individuelle et collective. La dignité est quelque chose d’essentiel dont on ne parle pas assez. De nos jours, il y des mots que l’on entend beaucoup comme celui de résilience, je comprends le concept mais n’aime pas beaucoup ce mot-là, car il faut aussi ne pas accepter les situations, toujours être en capacité de s’indigner, c’est notre responsabilité également. Je n’aime pas non plus le mot bienveillance, souvent mis à toutes les sauces. Alors que la dignité, elle, est une affaire de respect de soi-même et des autres. Elle est parfois oubliée dans les discours et dans la vie ! C’est Pierre Lecomte Du Noüy, savant et philosophe, qui écrivait dans son ouvrage l’homme et sa destinée « il n’existe pas d’autre voie vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle. »

Maintenant…on ne se fait pas tout seul, on apprend des autres, de nos parents, de nos familles et de nos proches, des gens que l’on rencontre, au travail ou ailleurs…

Mon parcours politique, je le dois à Jean MONNIER qui m’avait appelé pour être à ses côtés en 1995 à Angers comme Adjoint au Maire. Je ne lui serai jamais assez reconnaissant et je me suis toujours senti à l’aise et identifié dans ce que beaucoup d’historiens ont appelé la Deuxième gauche, celle issue notamment de la CFDT. Oui, ce sont dans ces grands courants de pensée que je me suis retrouvé et qui m’ont continuellement inspiré.

Ma vie au département, je la dois  à Robert ROBIN, mon prédécesseur, lui aussi un fidèle Monniériste de la première heure, appelé l’homme du social par la presse locale et connu de tous les retraités angevins de l’époque. Il ne croyait qu’en la pratique du terrain. Jean MONNIER et Robert ROBIN restent pour moi des guides. Un guide ne disparaît jamais, ils ont donc toujours été vivants dans mon cœur et dans mon action…Je n’oublie pas André DESPAGNET, toujours parmi nous, adjoint aux finances pendant 37 ans à la ville d’Angers, un véritable génie et un Maître, un ami qui a tant fait et à qui la ville d’Angers et ses habitants doivent beaucoup encore aujourd’hui et à qui je dois tant également dans l’accompagnement de mes mandats à la ville.

Evidemment, rendre hommage à des anciens comme ça peut paraître décalé et démontre sans doute qu’il est bien temps de passer le relais…Ces personnages, ils ont montré une façon de s’engager dans la vie publique, je dis cela à l’heure où parfois en politique, notamment nationale, on a l’impression que les intérêts sont plus forts que les convictions, ce qui n’est pas toujours qu’une impression d’ailleurs. J’ai essayé de ne pas dévier de ce chemin où seules les convictions doivent nous conduire, et alors que nous devons avoir foi en permanence en notre capacité à changer les choses qui ne vont pas. La foi en l’homme qui peut transformer les situations, c’est tellement important…Dans nos assemblées, évidemment nous sommes là pour parler afin de convaincre mais c’est surtout parler pour agir ensuite. J’ai toujours été plus admiratif de ceux et celles qui font plutôt que de ceux et celles qui disent sans toujours faire…C’est bien de pratiquer les deux, le dire et le faire !

Tout au long de ce chemin de responsabilités publiques, j’ai voulu m’inscrire dans une parole collective, être porteur d’un espoir commun, fondé sur des rassemblements d’hommes et de femmes qui croient qu’un meilleur avenir est possible, qui espèrent plus de justice et d’équité . Les associations, syndicats et partis sont importants, ils peuvent et doivent rester des lieux où les hommes, par la discussion permanente, permettent le progrès, l’épanouissement individuel et collectif et le bien-être pour chacun(e). Telle était ma boussole même si j’ai pris des distances avec l’engagement en parti politique quand des évènements, des pratiques ou déroulements de l’histoire m’étaient insupportables …Ce n’est pas d’ici dont je parle.

Ici, j’y reviens…Quel plaisir d’avoir eu la chance de travailler au sein du groupe l’Anjou en action qui produit un vrai travail collectif ! Il y a au sein du groupe beaucoup de confiance et d’écoute, de diversité, d’apports de connaissances. Un grand merci à toi Greg pour avoir su faire vivre cela. Au-delà de tes importantes responsabilités, tu es un vrai militant toi aussi, tu donnes énormément de toi-même,  et en te remerciant  je remercie évidemment tous les collègues, présents et passés, il est impossible de citer chacune et chacun. Merci aux nombreux collaborateurs que l’on a eus au groupe, ils m’ont, ils nous ont beaucoup aidés et j’ai apprécié leur engagement à nos côtés. Je crois profondément à la force et à la valeur du travail collectif.  

Merci à vous Madame la Présidente, Florence Dabin, mais aussi à vos prédécesseurs Messieurs Lardeux, Béchu et Gillet, et bien sûr chers collègues de la majorité de m’avoir donné ma place, toute ma place, sans restriction, et de m’avoir supporté parfois dans mes longueurs ou répétitions. Vous savez, la vie m’a appris qu’il faut souvent répéter pour faire avancer les sujets !  Je sais que je fus revendicatif, insistant, voire grognon pour obtenir ce que j’ai pensé comme plus juste ou nécessaire…Merci à mes deux derniers Présidents de commission, Régine et Yann pour leur ouverture et tolérance, leur attitude permanente, leur écoute et leur gentillesse et merci à Xavier aussi qui de temps en temps nous faisait un petit coucou pour nous parler du patrimoine. Les dossiers et sujets que nous avons vus ensemble sont passionnants, et à travers vous deux merci aux autres collègues et à vos deux services, et aussi à vous Monsieur le Directeur Général, les DGA, et à tous les services départementaux, sans qui rien ne se ferait. J’ai beaucoup de respect et de reconnaissance pour le travail que vous fournissez. Merci à votre cabinet Madame la Présidente, l’ensemble des collaborateurs du cabinet, pour leur dévouement et compétences, leur présence et disponibilité à notre égard.

Après ces remerciements, j’ai encore des choses à vous dire !

A l’heure de bientôt partir chers Collègues,  j’ai quand même un reproche à vous faire, tout au moins à certains ou certaines d’entre vous. Beaucoup, et de plus en plus je trouve….beaucoup parlent trop bas dans cette assemblée ! Ce n’est pas parce que l’on est dans une ancienne abbaye qu’il faut se croire au confessionnal ! N’ayez pas peur de hausser le ton quand il le faut !!!

Ha, cette salle des délibérations…Quand j’ai vécu avec vous les sessions départementales, je vous l’ai dit il y a quelques minutes, je suis toujours rentré dans cette enceinte avec un taux d’adrénaline qui montait au maximum, un peu comme quand on joue un match important et qu’on rentre dans le stade ou dans la salle de sport. Je fais ce parallèle car c’est exactement ce que j’ai toujours ressenti, avec la même envie de donner le meilleur de moi-même (le même stress qui vous envahit et on ne sait pas toujours pourquoi, même au bout de tout ce temps) comme dans un match de foot, en ayant comme repères l’importance du jeu collectif avec les collègues et l’indispensable respect des adversaires. Cela a toujours été l’envie de me battre et de gagner…l’envie de me battre au sens figuré bien entendu même si certains mériteraient parfois des baffes, et là aussi j’ai des noms… C’est faire passer ses idées ou les idées de l’équipe quand on se donne des objectifs communs et évidemment, au gré des mois qui passent, on cherche à s’améliorer pour les atteindre. J’aime bien cette image sportive qui me restera aussi pour ces mandats passés. Rappelons-nous qu’il y a toujours une réciprocité : quand on est bons, qu’on joue bien, l’adversaire peut être meilleur (çà vaut des deux sens), et si l’adversaire est meilleur, cela bonifie le match et renforce l’envie de gagner! Un match médiocre n’est dû qu’à des acteurs médiocres, un bon match se déroule quand chacun a été à la hauteur. Soyons et soyez toujours à la hauteur, refusons le jeu médiocre, c’est un devoir devant le citoyen !

Deux derniers points me tiennent à coeur chers Collègues.  En premier lieu, gardez toujours en tête un but que vous voulez atteindre, un rêve peut-être, en tout cas des objectifs, qu’ils soient individuels et/ou collectifs ! Le rôle de l’élu est bien d’avoir un cap et des buts à atteindre. La seule gestion, certes indispensable (je l’ai dit), ne peut suffire, il faut transformer des situations. Cultivez votre ouverture au monde en ne craignant jamais de remettre en cause ou d’interroger. Il n’y a pas de mauvaise question, il n’y a que de mauvaises réponses. Tomber dans les habitudes et la routine, c’est déjà mourir.

En second lieu, nous savons que nos sociétés connectées, paradoxalement, génèrent beaucoup de solitude, de précarité et de pauvretés diverses, de toute nature. Soyez attentifs à celles-ci. Parce que l’humain est notre passion commune et finalement notre seule raison d’être, il nous faut toujours rester sensibles, nous émouvoir, nous révolter aussi. Tout simplement ne devenons ni aveugles ni sourds aux besoins et  aux souffrances diverses de nos concitoyens. Nous sommes là pour aider à trouver des solutions en étant capable, si nécessaire, de bousculer les règlements et la bureaucratie qui sont malheureusement parfois trop pesants dans nos sociétés et nos administrations.

Nous sommes des représentants de la collectivité des solidarités, il ne pouvait pas y avoir un mot plus merveilleux pour la qualifier. Continuons d’être à la hauteur de cette responsabilité. Nous pouvons donner des réponses plus solidaires dans tous les domaines de compétences qui sont les nôtres. La solidarité d’aujourd’hui doit-elle être la même qu’au début des années 2000, viser les mêmes publics prioritaires ? Sans doute pas tout à fait, voilà un sujet de réflexion et d’action pour les années à venir. Quid des solidarités territoriales ? Voilà un autre sujet, les territoires ont besoin de nous, probablement de manière différenciée.

Et puisqu’il faut bien conclure enfin, je voudrais vous partager une dernière citation dans cette enceinte. Elle est de Doline LEGRAND-DIOP, une artiste locale, qui a exposé récemment de jolies œuvres au collège Jean Zay. La culture et le sport ont une place tellement importante dans notre société et permettent de nous élever, oui de grandir, c’est bien tout ce qui est fait en ce sens…

Il y a peu de temps, nous étions au vernissage avec Yann Semler.

Dans son texte expliquant son exposition, qui s’intitule « toutes les vies sont nobles »(quel joli titre !),  Doline dit entre autres : « je défends l’idée que l’harmonie est possible malgré la confrontation de différentes cultures et identités, la diversité est non seulement possible mais essentielle, et je défends l’idée que chaque individu doit jouir des mêmes droits, aucune vie n’étant supérieure à une autre. » J’ai trouvé ce passage absolument magnifique et tellement puissant ! C’est une bonne boussole quand nous travaillons au quotidien pour les habitants ! Vous l’avez compris, ce qui m’a habité tout au long de ce chemin a bien été cela : que chacune et chacun puisse prendre sa place dans la société, quelle que soit son âge et sa condition…

Voilà chers collègues ce que je voulais longuement vous partager pour cette dernière assemblée plénière. Nous continuerons d’agir ensemble encore quelques mois, d’apprendre chaque jour comme j’ai eu la chance depuis 24 ans. Je souhaite une bonne chance à mon remplaçant Pascal RAIMBAULT et une bonne continuation à mon binôme Florence LUCAS.

Un grand merci à vous toutes et à vous tous.     

Jean-Luc ROTUREAU

Session de juin 2025 – Introduction de Grégory BLANC

Session de juin 2025 – Introduction de Grégory BLANC

« Quand l’ONU et le droit international sont absents dans un moment où les logiques de puissance et de guerre s’affirment, cela altère la confiance dans toutes les institutions. Or, quand les institutions se délitent, la confiance entre les peuples comme entre les hommes s’affaisse. »

Madame la Présidente,

Cher-e-s collègues,

Notre rôle, notre responsabilité d’élu, c’est de donner du sens, définir démocratiquement la pertinence des orientations à prendre au regard d’une situation, d’un contexte.

En vrai, comment ouvrir cette session en parlant d’abord Festival d’Anjou ou Tour de France féminin alors même que la fragmentation du monde s’affirme chaque jour davantage. Il est évidemment difficile d’inaugurer cette session sans faire le lien avec l’échelle globale. Le contexte est terrible. La France et ses territoires ne sont pas isolés. Précisément, les choses sont liées : ce qui se passe à l’échelle globale a des impacts à l’échelle locale.

Quand l’ONU et le droit international sont littéralement absents dans un moment où les logiques de puissance et de guerre s’affirment comme jamais depuis la 2nde Guerre Mondiale, cela altère la confiance dans toutes les institutions. Or, quand les institutions se délitent, la confiance entre les peuples comme entre les hommes s’affaisse.

Mais si aucune mort n’est supérieure à une autre, toutes les guerres ne se valent pas. Refuser de distinguer entre les guérillas, les guerres comme au Soudan, et les exactions de la Russie, d’Israël, des Etats-Unis (et demain, pourquoi pas de la Chine ?), c’est en vérité accepter de mal nommer ce qui sape les fondements de la paix : ce sont aujourd’hui les pays leaders de la Planète qui écrasent le respect de l’Autre, la souveraineté des Peuples, c’est-à-dire le droit et l’Etat de droit.

Le drame du moment est que ces mouvements d’extrême droite de remise en cause des institutions et du droit croisent les tensions déjà brutales nées du dérèglement climatique et de la transition démographique. Elles croisent aussi cet enjeu matériel de la crise des finances publiques. Les caisses sont vides et les besoins bien réels.

Dans ce contexte, certains, à droite, veulent affaiblir nos protections et mettre davantage à contribution les travailleurs. Chaque jour une nouvelle idée pour supprimer tel service public ou pour augmenter l’impôt qui touche tout le monde, mais pas de manière égalitaire. D’autres, le plus souvent à gauche, se contentent de dire qu’il ne faut rien changer, il y aurait juste à prélever l’argent chez « les riches ». La justice fiscale est évidemment indispensable, mais cela ne suffira pas.

Madame la Présidente, chers collègues, face à une situation de tension sur les finances publiques – et cela va perdurer-, face à la remise en cause du droit et donc de la confiance dans nos institutions, à nos yeux, il est urgent de redonner du sens, de définir des priorités et d’engager des réformes audacieuses.

De ce point de vue, ce qui est vrai pour la France l’est aussi pour notre Département.

L’examen du compte administratif démontrera une nouvelle fois combien ce Département est fragile de la faiblesse de ses recettes et de sa dette. Cette réalité est vieille des choix des élus sous Jean Sauvage, André Lardeux et Christophe Béchu. La Vendée, La Loire-Atlantique, la Mayenne et la Sarthe, qui ont fait alors d’autres choix, ne connaissent pas un niveau de difficultés semblable au nôtre. Notre Département est plus en difficulté que nos voisins, et c’est lié à l’Histoire.

Nous devons donc innover, c’est-à-dire avec lucidité faire évoluer les modalités budgétaires. Dans la situation, être prudent, ce n’est pas être attentiste. Être prudent, ce n’est pas attendre que les choses s’éclaircissent, mais au contraire bouger avec précaution pour dégager des marges de manœuvre.

Nous devons ainsi innover pour repenser une contribution plus juste de chacun au service public, par exemple en mettant en place des tarifications au quotient familial dans les cantines, dans les EHPAD, dans les services d’aide à domicile. Nous pensons qu’il est plus qu’urgent d’ouvrir ce chantier pour créer davantage de cohésion.

Quand nous sommes Marie-Pierre Martin, Bruno Cheptou, Jean-Luc Rotureau et moi à l’AG de l’ADMR 49, et où la fédération explique qu’elle a augmenté le reste à charge de 1€ par heure réalisée pour parvenir à l’équilibre financier, le tout sans régler le sujet de l’attractivité du métier. On comprend vite que cela ne fait que repousser les problèmes. Surtout : c’est évidemment ceux qui sont juste au-dessus de l’aide sociale qui seront les plus impactés, c’est-à-dire ceux qui gagnent entre le SMIC et le revenu médian. Or, c’est précisément ceux à qui on demande de faire les efforts les plus importants au regard de leurs revenus. Nous pensons profondément que c’est cela qui provoque les colères.

La banque alimentaire, le secours populaire comme les restos du cœur ne cessent de le répéter : la part des travailleurs précaires qui les sollicitent est grandissante. Notre responsabilité au Département est de remettre de la progressivité partout où c’est possible. Notre collectivité ne peut pas tout faire mais elle doit prendre sa part : la mise en place de tarification sociale est un enjeu de cohésion sociale. La priorité, c’est aussi d’aider ceux qui travaillent et ne parviennent pas à joindre les deux bouts.

De la même façon, dans les dépenses, nous devons tenir compte de l’hétérogénéité des situations. Vous avez évoqué différentes actions du Département, comme la protection de l’enfance ou l’échelonnement d’investissements. Au-delà de ces actions, c’est le débat qui s’est tenu en commission des solidarités sur les subventions aux associations. A un moment donné, il est sage de mettre fin à la technique du rabot qui s’applique aveuglément, a fortiori quand l’Etat recule et quand la Région de Christelle Morançais pratique la politique de la terre brûlée, retirer la délibération sur ce sujet est une décision de sagesse. A nos yeux, ce Département doit se doter d’un outil d’ingénierie sur les associations. Nous devons faire un état des lieux et redéfinir notre accompagnement. Dans les temps qui viennent, nous allons collectivement avoir besoin des associations.

Sur d’autres politiques, il faut aller plus loin, notamment intégrer l’Indice de positionnement social dans les modes de calcul des dotations et subventions aux collèges. On ne peut pas aider tous les collèges de la même façon au regard des disparités sociales qui existent en leur sein.

Madame la Présidente, cher-e-s collègues, nos sociétés sont à un tournant politique, notre univers bascule progressivement depuis 10 ans sans qu’un seul des contrecoups ne parvienne à rééquilibrer la situation. Nous entrons dans une spirale qui nous oblige à reconfigurer les outils nationalement mais aussi localement : nous devons prendre notre part.

Permettez-moi enfin de conclure en saluant Florent Poitevin et Steven Pruneta, le départ de ces deux têtes dans l’exécution des décisions politiques ne sont pas anodins. Ils marquent aux aussi un tournant. Mais avant de voir comment construire demain avec leurs successeurs, nous voulons saluer Florent Poitevin, arrivé avec Jean-François Arthuis-Brault, à un moment où cette collectivité se retrouvait les caisses vides et ses cadres tous partis vers ce qui brillait. Il a fallu des hommes et des femmes pour relever les pierres et colmater les fuites. Bonne chance à Florent Poitevin dans la suite de sa carrière.

Merci aussi à Steven Pruneta. Parmi les directeurs de cabinet, il y a les adeptes des coups tordus, et il y a ceux qui s’imprègnent des lieux, qui accompagnent le chef de l’exécutif tout en sachant fluidifier les relations avec les services, les partenaires, les élus minoritaires. A la place qui est la nôtre, nous avons apprécié ces relations de travail.

Bref : Bon gouel ha kenavo comme disent les bretons !