Préparer le Département au changement climatique

Préparer le Département au changement climatique

Plan d'adaptation au changement climatique

Madame la Présidente, Cher.e.s collègues,

Cette session devait être celle du Débat d’Orientations Budgétaires. Vous avez souhaité, comme c’est le cas dans de nombreuses autres collectivités, reporter ce temps démocratique important à février 2024 afin d’y voir plus clair. Nous partageons cette décision.
Les Départements se retrouvent en effet de nouveau confrontés à un « effet ciseaux ». Le retournement du cycle immobilier – et probablement de l’économie tout entière – fait apparaître clairement les craintes que les uns et les autres nous exprimions depuis 15 ans : les Départements ont des dépenses qui ne font que progresser du fait même de leurs responsabilités (vieillissement de la population, protection de l’enfance, handicap, RSA) mais de moins en moins puis plus du tout de maîtrise de leur fiscalité. Avec le transfert de notre fraction de taxe foncière à la suite de la suppression de la taxe d’habitation, ce système financier s’avère aujourd’hui intenable. Disons-le clairement : lors du lancement de la mission « Woerth » sur l’articulation des compétences entre collectivités, il eût été salutaire d’engager -enfin !- le volet « recettes » de la décentralisation. Agir sur la perte d’autonomie et sur la protection de l’enfance exige de s’inscrire dans le temps long. Les Départements ont besoin de lisibilité dans la durée.
Au final, en dehors de l’amendement que j’ai dernièrement fait adopter au Projet de loi de finances de la sécurité sociale pour consolider les recettes de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) sur l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), la faible hausse supplémentaire de Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) et les rustines obtenues dans le cadre des fonds de péréquation, permettront sans doute à la collectivité d’obtenir quelques millions supplémentaires. Pas de quoi absorber la baisse de 50M€ en 2 ans des impôts sur l’immobilier. Nous avons un débat à engager avec l’Etat.
Je ne vous le cache pas : cette situation met en colère. Si la gouvernance a changé, la majorité ici est restée la même. Cela fait 6 ans que nous demandons une trajectoire pluriannuelle d’investissement plus ambitieuse pour profiter à la fois des taux d’intérêt plus bas et utiliser des rentrées financières exceptionnelles dues aux droits de mutation. Il y a d’abord eu un refus… dans la perspective des élections de 2021… comme si une élection cantonale se jouait sur un bilan financier… Et puis il y a ensuite eu des lenteurs internes pour amorcer un nouveau cycle d’investissement.
En définitive, cela fait désormais 15 ans que ce Département n’investit plus sérieusement sur ses compétences… et le retard accumulé devient structurant. Sur les collèges, toujours aucun coup de pioche. Sur les EHPAD, c’est toujours le flou. Sur le SDIS, vous venez enfin de décider d’augmenter le fonctionnement et l’investissement. Bref, le sous-investissement chronique sur nos compétences conduit à une explosion des coûts d’entretien et de fonctionnement… dans une période où les coûts de l’énergie flambent.
Pire, investir aujourd’hui, entre hausse des taux d’intérêt et hausse des matières premières, coûte 40 à 50% plus cher pour le même équipement !
Bref, dans le cycle qui s’annonce, les arbitrages budgétaires vont devoir être plus précis. A nos yeux, ils doivent faire apparaître trois priorités :

1. Une revue des dépenses de fonctionnement pour mieux articuler nos politiques sociales avec celles de l’Etat, des communes et intercommunalités. Nous le redisons : le Département doit être chef de file, c’est-à-dire coordinateur, des politiques structurantes du social. Cela implique un autre pilotage, plus décentralisé dans les territoires.

2. Prioriser les investissements en lien avec nos compétences. Aider les communes… soit ! mais alors dans le cadre d’une contractualisation autour du vieillissement, du handicap, des collèges, de l’enfance en danger. Cela implique sans doute de revoir nos politiques de soutien au patrimoine historique, à Terra Botanica qui s’équilibre désormais et au tourisme en général. Dans la période qui vient, il faudra faire des choix.

3. Enfin et surtout : la transition écologique qui doit être traitée séparée, tant ce sujet est vital et transversal. Sur ce thème, le travail que vous nous présentez n’est pas à la hauteur.
Ce document est à mi-chemin entre le projet politique et le projet de service. Ne confondez pas urgence et précipitation. Dans ce document, aucun objectif quantifiable, aucun chiffre budgétaire, aucun bilan du PCET voté en 2014 : est-ce sérieux ? Non. Porter une ambition en la matière exige de l’inscrire dans une trajectoire budgétaire pluriannuelle, donc d’être adossé au DOB. Comme le font les autres collectivités. Il nous faut prendre le temps de parler de la transition écologique.

Le rapport Pisani-Mahfouz, mais aussi le FMI, ont chiffré l’effort national à 65Mds€ supplémentaires par an. L’I4CE et la Banque postale, sur la même trajectoire, ont chiffré le pic d’endettement pour nos collectivités – levier incontournable pour franchir le mur d’investissement climatique – à 80Mds€ en 2030. Il manque à ce jour 35Mds€ d’action publique. Concrètement, pour le Département, cela signifie le double de ce qui est fait aujourd’hui : le double pour le SDIS, le double pour les collèges, le double pour les EHPAD, le double pour des mobilités plus propres, le double pour l’Habitat.

Nous voyons bien que ce n’est pas possible en l’état. Voilà pourquoi il nous appartient de clairement chiffrer les besoins qui remontent du terrain, pas seulement pour mieux définir comment agir, mais surtout pour engager un dialogue constructif avec l’Etat et le Gouvernement. S’il y a volonté d’agir, il nous faut obtenir une refonte de la fiscalité locale. Je le redis, en proposant un schéma de pure gestion interne, vous donnez du crédit à cette idée qu’il n’y a pas besoin de définir un grand dessein d’ensemble pour adapter nos territoires, notre économie, nos habitudes à +4°C. Qui peut croire qu’on va être au RDV avec quelques circulaires internes à la collectivité ? Ici, notre rôle est de prendre la mesure des politiques à conduire, pas de traiter le sujet en intendant.
Nous réitérons donc notre demande de report de ce dossier qui n’est pas abouti, et nous nous tenons à votre disposition pour continuer de l’enrichir ensemble.

Voilà Madame la Présidente, cher.e.s collègues, les orientations avec lesquelles nous abordons cette session, comme les chantiers difficiles qui nous conduiront jusqu’au Budget primitif en mars prochain.

Les EPCI réclament un cofinancement des digues par le Département

Les EPCI réclament un cofinancement des digues par le Département

Les EPCI réclament un cofinancement des digues par le Département

En octobre 2021, cinq présidents d’EPCI (Mauges communauté, Baugeois vallée, Loire Layon Aubance, Angers Loire métropole et Saumur val de Loire agglomération) ont adressé un courrier à la Présidente du Conseil départemental.  Leur demande : que le Département s’engage à cofinancer les digues.

Une seule solution pour nous : le Département doit, sans tarder, entamer une réflexion et s’engager sur le financement des digues en Maine-et- Loire. Les enjeux de sécurité des biens et des personnes sont de taille avec l’accroissement des risque inondation et du dérèglement climatique.

Les digues, une compétence difficile à financer par les seuls EPCI

La gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des inondations (GEMAPI) est confiée aux intercommunalités (EPCI) depuis 2018 (loi MAPTAM et loi NOTRe). Depuis le désengagement de l’État, elles sont progressivement seules en charge de cette responsabilité. Elles considèrent aujourd’hui ne plus être en mesure d’assurer correctement cette compétence.

Des chantiers colossaux à prévoir sur les digues

Les crues sont fréquentes dans notre département. L’entretien des abords des cours d’eau et des digues représente un coût exorbitant pour les intercommunalités.

Le cas du Saumurois

En la matière, « tous les territoires ne sont pas à égalité », soulignait Bruno Cheptou le 30 septembre dernier, lors de la session du Conseil départemental.
« Dans le Saumurois, on trouve des longueurs de digue très importantes et nous connaissons le montant des investissements à réaliser dans les années à venir » pour les renforcer. L’intercommunalité du Saumurois a dû lever une nouvelle taxe pour financer les 2M€ de travaux nécessaires.

Risque de rupture de la digue à La Daguenière

Une étude menée en 2014 révèle des travaux urgents à effectuer pour renforcer la digue la Daguenière. 6M€ sont alors investis pour les 6km de levées concernées, avec un reste à charge de 1,2 M€ pour la collectivité.

Des tentatives d’estimation pour l’avenir

L’Etat chiffre les travaux urgents à hauteur de 20M€ pour le Maine et Loire. A partir de 2024, des estimations avancent que les EPCI devront débloquer au moins 126 M€ pour 124 km linéaires de digues du Maine-et-Loire.

Le Conseil départemental ne s’étant toujours pas positionné, les EPCI ont également interpelé la Région.

En Loire-Atlantique, une interpellation pour un cofinancement du Département a aussi été lancé.

Focus : la taxe GEMAPI

La taxe GEMAPI est un nouvel impôt laissé aux mains des intercommunalités. Elles peuvent lever cette taxe pour financer les investissements relatifs aux digues. Le désengagement progressif de l’Etat va forcer l’augmentation du nombre de taxes GEMAPI. L’intercommunalité du Saumurois a déjà dû lever une telle taxe pour rassembler 2M€.

Dans les autres départements du territoire, Nantes Métropole prévoit  déjà de l’imposer à partir de 2023.

En savoir plus :

 

Vidéo de l’intervention de Bruno Cheptou – Session Départementale du 30/09/21

Site du ministère de la transition écologique : la taxe GEMAPI

Amendements de l’Anjou En Action du 17/05/21

Collectivités locales : La taxe GEMAPI

Une passerelle pour vélos à Liré

Une passerelle pour vélos à Liré

Installée depuis peu, la nouvelle passerelle de Liré va permettre aux vélos de circuler en toute sécurité en évitant la RD 763, axe très fréquenté par les automobilistes.

La passerelle pour vélo à Liré, outil de la continuité cyclable

La continuité des pistes cyclables rencontre de nombreux obstacles comme des routes départementales non sécurisées, des autoroutes, ou encore des obstacles naturels comme des rivières. A Liré, le Département a investi 161 000€ pour installer une passerelle surplombant un axe départemental densément fréquenté. Cet aménagement est cofinancé par la Région à hauteur de 25%. Ce besoin n’est pas le seul dans le Département. De nombreuses zones ne sont pas encore sécurisées pour les vélos comme le pont de Gennes,  le pont de Montsoreau et autres…

Les investissements dans les passerelles coûtent cher

L’investissement dans les installations de ces franchissements d’obstacles est nécessaire pour le déploiement des voies cyclables en Maine et Loire. Mais leur coût est conséquent et doit donc être inscrit au budget. En effet, il peut facilement varier de 150 000€ à plus de 10 M€. Lorsque l’installation d’« appuis » (comme des piles) est nécessaire, il faut compter une augmentation du coût à hauteur de 66%.

L’Anjou En Action soutient que le Département doit prendre en compte tous ces obstacles dans la construction de son schéma directeur des liaisons cyclables. La collectivité doit être prête à engager un important effort financier, si nous voulons soutenir un usage de qualité et sécurisé du vélo.