Le nouveau centre pénitentiaire s’installera à Loire Authion : Quels impacts pour le territoire ?
Le nouveau centre pénitentiaire s’installera à Loire-Authion :
Un enjeu de taille et une opportunité pour le territoire
Le mardi 7 septembre 2021 le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, signait à Angers un protocole engageant l’Etat à construire un centre pénitentiaire dans l’agglomération angevine.
Le futur centre pénitentiaire a vocation à remplacer l’actuelle maison d’arrêt d’Angers, devenue vétuste et sous-dimensionnée au regard de la population carcérale. Sa réalisation, conduite par l’Agence publique pour l’immobilier de la Justice (établissement public agissant au nom et pour le compte du ministère de la Justice), est envisagée sur le terrain des Landes, à Loire-Authion (Brain-sur-l’Authion).
Le calendrier du projet prévoit un lancement des travaux en 2024, pour une ouverture à l’horizon 2027. En amont, une phase de concertation est prévue et d’ores et déjà engagée.
Un projet visant la modernisation et l’amélioration des conditions carcérales
Un projet ambitieux empreint de modernité
Le projet s’inscrit dans le cadre du programme immobilier pénitentiaire initié par le Président de la République en 2018 pour répondre au phénomène de surpopulation carcérale et aux enjeux de modernisation et d’amélioration des conditions de détention.
Avec un taux d’occupation de 170%, la maison d’arrêt d’Angers, vétuste et inadaptée, sera remplacée par un « centre pénitentiaire ».
Le projet consiste à concevoir et construire un établissement à sécurité renforcée de 850 places : 790 hommes et 60 femmes, dans un bâtiment de 50 000 m². L’actuelle maison d’arrêt abritait 416 détenus pour 266 places en octobre 2021.
Le nouvel établissement emploiera l’équivalent de 400 emplois directs et 120 indirects.
Le coût du projet est estimé à environ 130 millions d’euros hors taxes. Il sera entièrement financé par l’État, ne générant aucune charge pour les finances communales.
Une phase de concertation menée du 18 janvier au 14 mars
La concertation devait initialement se dérouler du 18 janvier 2022 au 28 février 2022 mais se voit prolongée jusqu’au lundi 14 mars 2022.
Elle a pour objectifs d’informer le public de manière claire et transparente sur les enjeux et les données du projet et créer un espace de dialogue pour recueillir observations et propositions.
Toute personne qui le souhaite peut s’exprimer par les moyens de son choix : site internet, en contactant les mairies concernées, auprès d’Angers Loire Métropole ou encore auprès de la préfecture.
Des rencontres et des réunions publiques sont également programmées.
Prochaine étape : Clarifier les ambitions pour le territoire
**Communiqué de presse des Conseillers Départementaux : Grégory Blanc et Marie France Renou tenue le 25 février à Brain-sur-Authion
Le site des Landes à Brain-sur-Authion répond aux critères indispensables à toute implantation d’un établissement pénitentiaire. Il doit notamment ne pas permettre des vues de proximité plongeantes sur l’établissement, et être à moins de 30 minutes du palais de justice d’Angers et à moins de 45 minutes d’un centre hospitalier.
En proposant à l’Etat un autre terrain, que celui initialement prévu à Trélazé, à la suite de la candidature de la commune en 2010, Angers Loire Métropole a décidé d’assumer les responsabilités et le pilotage quant au transfert de la Maison d’arrêt d’Angers.
Il appartient effectivement à l’EPCI de clarifier l’impact de l’implantation de cet équipement d’intérêt général. Quelle vision de l’aménagement du territoire ? Quel périmètre pour l’habitat ? Quelle organisation des déplacements ? Comment conserver un peuplement harmonieux, notamment au niveau des attributions de logements sociaux pour les familles de prisonniers, sur Trélazé-Quantinière et Saint-Barthélemy-d’Anjou ? etc…
Clarifier l’ambition, pour l’Est du territoire, est donc indispensable au moment de la phase de consultation pour apporter une orientation claire au moment de l’enquête publique et la mise en comptabilité des documents d’urbanisme.
En tant que Conseillers départementaux du canton concerné par cette implantation, Grégory Blanc et Marie France Renou, versent, à cette phase, quelques éléments complémentaires à la réflexion :
Quel urbanisme ?
L’implantation du centre de détention au cœur de l’espace initialement préservé pour accueillir une deuxième Rocade Est, aujourd’hui sanctuarisé dans le cadre de la Trame verte avec bois classé et zone agricole, pose des questions sur le devenir des terrains :
- Y a-t-il une volonté de densifier un peu plus à la Crémaillère d’Argent en rendant certains terrains constructibles ? Si oui, lesquels ? Si non, n’y aurait-il pas là une opportunité pour à la fois compenser l’impact pour certains riverains et surtout atteindre une taille critique suffisante pour mieux desservir en services publics (transports en commun, assainissement, …) ?
- Concernant la zone agricole, faut-il revoir la classification de certaines zones pour mieux protéger les sols?
De ces réponses vont découler celles concernant les transports et les voiries pour prendre en compte tous les usagers et formes de déplacement, du vélo au tracteur, du bus à la voiture.
Quels besoins de dessertes ?
Il s’agit à la fois de penser l’accès en bus mais aussi en train, au-delà des seules réponses aux problèmes actuels de congestion des voiries. L’implantation du centre de détention de 850 places implique un recalibrage du plan de déplacement d’Angers Loire Métropole. Le débat autour de ces orientations sera utile à la Région et au Département pour apporter leurs réponses.
- Concernant le réseau viaire:
La RD347 était prévue au schéma routier départemental de 2004 comme un axe devant être élargi en 2×2 voies jusqu’à la Crémaillère d’Argent, voire au-delà. Aujourd’hui, il s’agit du point le plus noir du Département. L’étude « Sytra » réalisée conjointement par Angers Loire Métropole et le Conseil départemental a permis d’arrêter les points suivants :
A court terme : le Département devait élargir les ronds points pour fluidifier les dessertes locales. Angers Loire Métropole devait augmenter l’offre de transport en commun. Ce dernier point demeure non réalisé.
A long terme : le scénario prévoyant un élargissement en 2×2 voies, impliquant une refonte de la trémie de Saint-Barthélemy-d’Anjou, était privilégié à la création d’une déviation du lieu-dit la Coutardière et la finalisation de celle du Plessis-Grammoire, avec embranchement sur la zone d’activité Océane et l’A11. Ce scénario, pour être efficace, impliquait l’absence de création de nouveaux ronds-points sur la RD347 en desserte de Trélazé et Saint-Barthélemy-d’Anjou afin de ne pas accentuer la congestion de l’axe. L’hypothèse d’une nouvelle desserte a donc été retirée de tout document d’urbanisme.
En conclusion, le nouveau scénario d’une 3 voies alternées en pendulaire devait être mis à l’étude. Une réunion d’étape à l’automne 2021 devait permettre de clarifier la faisabilité. Cette hypothèse implique l’absence de tout ouvrage nouveau freinant le trajet entre Angers et Beaufort-en-Anjou. Le changement de terrain d’implantation du centre de détention a stoppé ce processus.
Pour notre part, nous pensons que l’implantation d’un équipement aussi structurant implique de repenser l’ensemble des réseaux pour:
Désengorger la RD347* des trafics en amont de Brain-sur-l’Authion afin de créer un rond-point au niveau du lieu-dit Pignerolle. Dans cette perspective, l’étude des contournements de la Coutardière et du Plessis-Grammoire, présente dans tous les précédents documents d’urbanisme, doit être engagée.
- La création d’un rond-point doit permettre d’enfin desservir les communes de Saint-Barthélemy-d’Anjou et Trélazé, et notamment la gare multimodale de la Quantinière.
- La création d’un axe secondaire d’intérêt communautaire entre la Crémaillère d’Argent et Pignerolle doit pouvoir permettre d’envisager la desserte en transport en commun et du centre de détention en augmentant la fréquence en provenance d’Angers via Saint-Barthélemy-d’Anjou, et les collégiens d’Andard et Brain-sur-l ’Authion rattachés à l’établissement de la Venaiserie. La création de cet axe implique le recalibrage en voie communautaire de la route très accidentogène dite « de la Jaille », à la fois pour les bus, mais aussi pour créer une piste cyclable permettant l’accès au centre de détention par les gares, et aux habitants des communes pour leurs déplacements du demeurant. Cela permettra aussi de décongestionner la RD347et la RD4.
- La création d’une voie a minima cyclable entre la gare de la Quantinière et le centre de détention.
Quelles politiques sociales ?
L’évolution du projet au centre de détention avec 850 détenus implique un accueil permanent de nombreuses familles de détenus de plus longues peines. Une partie sollicitera un logement social.
Alors que l’Etat accompagne notamment Trélazé vers davantage de mixité sociale, d’une part, comment compenser les impacts pour préserver l’équilibre de peuplement arrêté dans le cadre de la conférence intercommunale du logement par Angers Loire Métropole et l’Etat ?
D’autre part, quels ajustements opérer au sein du PLH pour prévenir les problèmes sociaux ? Les réponses à ces questions doivent permettre de repenser oui ou non l’organisation des politiques sociales départementales.
En conclusion, si nous continuons de penser que l’implantation d’un centre de détention à hauteur de 850 détenus est difficilement absorbable pour notre territoire (550 détenus constituent sans doute un maximum), ce projet présente de réelles opportunités pour rendre plus agréables les quartiers du centre-ville et du faubourg Saint-Michel. C’est un atout pour Angers Loire Métropole, aussi en termes d’emplois et d’activités commerciales.
Pour autant, ce projet pose des questions au regard des contraintes nouvelles liées à la taille de l’établissement et à son déplacement.
Pour être acceptable dans la perspective de l’enquête publique, cette phase de consultation doit permettre de soulever les interrogations en matière d’aménagement du territoire, et donc de clarifier les engagements de chaque institution et collectivité concernée.
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